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ROSSIGNOL | De l’illustration à la bande dessinée, il multiplie ses talents !

Vous ne pouvez pas passer outre ses œuvres, à moins que d’être un extraterrestre… si vous sirotez une bonne bière de Rulles, en écoutant un CD des flibustiers de Cré Tonnerre tout en lisant la dernière édition du magazine Zatopek et en jetant un oeil en coin sur une affiche de Brassigaume… vous ne pouvez y échapper ! Et
heureusement d’ailleurs, car l’enfant du pays, né à Habay en 1976, a aujourd’hui une reconnaissance qui franchit de très loin nos frontières, notamment grâce à ses dessins
de presse judiciaire qui ont illustré à l’international des procès tels ceux de Dutroux, Fourniret, Lhermite, et bien d’autres. Vous l’avez reconnu ? Bien entendu, il s’agit de Pierre-Alexandre Haquin, mieux connu encore sous le pseudonyme de Palix !

Rencontre avec Palix : De lʼillustration à la bande dessinée, il multiplie ses talents !

Qui est Palix ?

- C’est tout d’abord un pseudonyme qui masque mon vrai nom : Pierre-Alexandre Haquin.
Je suis né en 1976 à Habay-la-Neuve et je suis venu m’installer à Rossignol il y a cinq ans. Je suis marié et heureux papa de 2 enfants. Professionnellement parlant, je suis principalement dessinateur. Une chose qui me caractérise est que j’aime travailler sous pression, avoir une masse importante de travail à réaliser en peu de temps, c’est cette adrénaline qui booste ma créativité.

D’où vous vient cette passion pour le dessin, l’illustration ?

Je crois avoir toujours eu, aussi loin que puisse remonter ma mémoire, le ressenti du dessin. J’avais spontanément le ressenti de ce qui est un bon ou un moins bon dessin chez les autres. Vers 8 ans, quand j’ai appris que c’était le métier d’Hergé de créer des bandes dessinées et que ce n’était pas qu’un loisirs post-scolaire, j’ai eu la conviction que c’était ma voie.

D’où vient le pseudonyme «Palix» ?

- Il s’est lui aussi imposé très tôt. Vers 14-15 ans, peut-être un peu naïvement, mais quand
j’ai su que tous ceux que je lisais, à part Franquin – éditaient sous pseudonyme, j’ai voulu avoir le mien. Palix est issu des initiales de mon prénom et il est rapidement devenu mon
surnom au Patro, puis à l’école… et cela s’est répandu comme une tache d’huile. Je pensais que c’était au demeurant un nom complètement imaginaire, mais c’est un nom de
famille assez répandu, en France notamment.

Quelles études avez-vous faites, des humanités artistiques au départ ?

- Non, pas vraiment. Mes humanités furent assez diversifiées, de l’économique au scientifique. Ce n’est qu’en sortant que je me suis inscrit en illustration à Saint-Luc à Liège. Au départ là, parce qu’il n’y avait pas de concours d’entrée et, n’ayant jamais eu de cours de dessin, il me fallait des notions de perspective, de couleur et de composition – que je faisais d’intuition, mais sans en connaître les fondements. Là, je me suis vite rendu compte que ce n’est pas parce que tu sais dessiner des visages marrants sur les fardes des filles pour faire rire tout le monde que tu es le futur Hergé ou Van Gogh. Quand on
te fait dessiner en exercice un personnage qui monte un escalier de profil et de face et qui le descend ensuite de dos et de l’autre profil, tu te rends compte que tes qualités de dessins sont assez limitées. Par ce genre de test, on est vite remis les pieds sur terre et en face de la réalité. Il y a un bon éclairage, et j’ai trouvé cela intéressant.

Comment se sont passés les débuts ?

- Assez difficilement. Je m’étais donné comme consigne de ne pas partir sur d’autres
orientations comme l’ont fait la plupart de mes amis d’école. J’étais rassuré par rapport à
une chose : si on me donnait du travail et des contraintes, je saurais y répondre. Je me suis très vite discipliné, sans commande, à faire mes gammes de dessins, pour m’entretenir et progresser. Cela m’a permis de ne pas décrocher. J’avais toutefois
comme principe d’accepter tout ce qu’on me proposait… il y a eu de bons projets, et de moins bons…mais dans tous les cas, j’en ai retiré quelque chose de positif. Plus le dessin a évolué, plus j’ai augmenté mes exigences par rapport à moi-même et plus la notoriété s’est mise à augmenter. Cela a fait comme un effet boule de neige… je m’étais fixé comme objectif que chaque travail fourni m’en ramène un autre. Puis, la machine s’emballe, on ne peut plus tout accepter. On peut alors se permettre de faire des choix.

Quelles sont les étapes professionnelles marquantes jusqu’à ce jour ?

- Globalement, je définirais trois étapes charnières. La première est venue il y a une
dizaine d’années avec les premières étiquettes de la bière de Rulles. La deuxième lorsque, arrivé à un certain niveau de dessin dans le réalisme, je me suis mis à déformer mes personnages et cela a donné naissance à des petits lutins, trolls… Le succès m’a alors un peu dépassé et pendant un an et demi, je n’ai quasiment plus fait que ça : expositions, bibliobus de la province de Luxembourg, affiche Brassigaume, etc. Pour
la troisième étape, elle a pris sa source après avoir sympathisé avec Pierre Kroll à la suite d’un enregistrement du jeu des dictionnaires. Quelques mois plus tard, Dominique Demoulin, son épouse, qui est chroniqueuse judiciaire à RTL-TVI me contacte pour me proposer de passer une audition en proposant un projet original en tant que dessinateur
d’audience pour le procès Cools. J’ai proposé une technique de croquis à l’aquarelle
qui les a séduit et qui m’a ensuite permis de couvrir de nombreux autres procès (Dutroux, Fourniret, Abdallah Aid Out, Genevière Lhermite… plus quelques autres moins médiatisés) et de choisir les médias pour lesquels je travaillais.

Est-ce intéressant de couvrir ce type de procès ?

- Je trouve, oui. D’une part, cela me relie à mon oncle, aujourd’hui décédé, René Haquin, chroniqueur judiciaire et auprès duquel, enfant avec des cousins, on venait après les
repas de famille pour qu’il nous raconte ses enquêtes. Ensuite, humainement parlant, on
retrouve dans ce type de procès un microcosme de la société, un éclairage sur l’humanité,
entre l’accusé, les avocats, les juges, les jurés, le public… Et puis, là aussi, on travaille sous pression permanente, ce qui me plait énormément. De plus, alors que mon travail habituel se fait dans mon atelier, en solitaire, là, on travaillait en équipe.

La passion est votre vrai moteur, alimenté par la pression… ?

- Il est clair que j’aime tout ce que je fais, sinon je ne le ferais pas. Et puis, chaque expérience alimente, oxygène l’autre. Le dessin historique est très différent du fantasmagorique ou encore de la peinture. De chaque contrainte qui émerge dans chaque domaine je m’attache à la transformer en une nouvelle force.

Quel rapport avez-vous avec la peinture justement ?

C’est ma cour de récréation. Ce n’est pas du tout la même technique, ni le même format, ni la même position de travail que pour l’illustration. La peinture me permet de découvrir de nouvelles choses, d’explorer mon inconscient, c’est exactement le contraire de ce que je fais habituellement. Ici, il n’y a pas de projet imposé, de commande, de brouillon, de client… C’est la toile blanche au départ et de là naît un voyage ; c’est lui qui est important au final et pas le résultat, le point d’arrivée. En fait, je la pratique le plus souvent quand je suis overbooké, elle me permet de renouveler mon inspiration, et de décompresser.

Quelle est l’actualité de Palix ?

- Elle tourne autour de deux grands projets. Le premier s’est concrétisé ce début d’année
pour l’édition du magazine trimestriel de running et santé «Zatopek». Par édition, ils m’ont
demandé de réaliser 6 planches de BD qui racontent à chaque fois l’histoire d’un athlète. La première histoire concerne Jessie Owens, l’athlète noir américain qui a remporté plusieurs médailles en 36, lors des Jeux Olympiques de Berlin, en plein cœur de l’Allemagne nazie. La BD a toujours été ma volonté première et ce magazine me permet de réaliser une part du rêve. En plus, les commanditaires me permettent de travailler comme je l’aime, en couleurs directes. Il me faut environ 5 jours pour réaliser une planche. Un deuxième gros défi d’actualité est la sortie en fin d’année aux éditions Weyrich d’un projet sur le sujet duquel je planche depuis 10 ans : Louise de Lambertye, la Marquise du Pont d’Oye. Il s’agira d’un livre d’illustrations avec des textes de Jacques Herbet. Cette histoire m’a toujours fascinée… on raconte que les gens se pressaient
au passage de son carrosse pour voir si des clous en or ne se détachaient pas… On
va essayer de donner un nouvel éclairage à cette légende.

En conclusion ?

- Si les lecteurs veulent en savoir un peu plus encore, ils peuvent se rendre à la bibliothèque de Gérouville ce vendredi 26 février à 20h. Elle m’a invité à venir y parler de mon travail d’illustrateur… avec démonstrations projetées sur grand écran…

Paru dans Vlan

24 fév 2010 | Reportages et interviews |

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