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Il y a…

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Je ne sais pas vous mais, moi, quand j’étais petit, je n’étais pas grand et, à l’école de ce temps-là, il y avait des choses qui ont, aujourd’hui, disparu. La récitation, par exemple… (La récitation, je le dis pour celles et ceux qui sont nés de la dernière pluie, c’était un poème, une poésie qu’on devait apprendre par cœur et…et réciter, ma foi ! En y mettant le ton. En marquant itou la mesure, le rythme du vers et, au bout de chacun, le bijou d’un sou, ou de deux, ou de quatre ! : la rime. Il fallait faire en sorte que ça sonne, ça résonne. Juste. Il fallait faire entendre le sens mais aussi le son. Les deux étroitement mêlés. La récitation faisait travaille notre mémoire, notre intelligence, mais aussi notre oreille. Et notre voix. )
Et il y avait par ailleurs cet autre exercice – d’écriture, celui-là – qui s’appelait la rédaction. Sur un sujet donné, il fallait faire des phrases. Des phrases bien tournées, bien tenues. Correctes. Et qui, mises bout à bout, devaient raconter une histoire. (Avec un commencement, un développement et une fin.) Ou décrire une scène, un paysage…. Et là, il y avait des règles bien précises à respecter, des embûches à éviter. On parlait de fautes… Il y avait celles à ne pas commettre, carrément ; et les fautes de goût, à éviter.

Le verbe faire, par exemple. Lui, c’était la bête noire… Trop facile, trop banal. Il fallait le fuir comme la peste, celui-là. Quand il nous venait sous la plume, vite en chercher, en trouver un autre…

Sur le coup, je n’ai trop récalcitré ; je me suis plié à l’exercice. Mais bien des années après, j’ai découvert un livre qui m’a fait regretter ma docilité. Un livre écrit par Émile Littré, l’auteur du fameux dictionnaire, oui. De ce dictionnaire tellement beau, tellement riche, tellement important que d’aucuns le considèrent comme une œuvre majeure de notre littérature. Eh bien, ce livre où Émile Littré nous narre l’aventure de sa vie : son dictionnaire ; où il nous explique dans le détail sa méthode de travail, quel titre porte-t-il ? Un titre tout simple, très clair : « Comment j’ai fait mon dictionnaire ? »
Émile Littré, donc, qui connaissait mieux que personne, le lexique, sa vastité, sa variété, ses subtilités, employait, lui, le verbe faire. Pour dire l’essentiel. Pour raconter sa vie, son œuvre ; l’œuvre de sa vie.

On voit bien par là que la meilleure façon de dire qu’il pleut, c’est de dire : « Il pleut. »
Et alors il y avait aussi, parmi les mal-aimés, le présentatif il y a…
Là encore, force est de constater qu’il y a bien des fois où le tour il y a a bien des charmes. Rimbaud s’en sert sept fois dans le poème « Enfance », qui se trouve dans les « Illuminations ». Et c’est une merveille ! Vanessa Paradis, elle, le dit dix fois dans sa dernière chanson intitulée justement « Il y a ». Et ce n’est pas mal non plus. Et il est encore très présent – avec une grande force ! – dans le poème « Printemps » de Paul Éluard. (Qui se termine par ce si beau vers : « Notre printemps est un printemps qui a raison. »)

Par Zapf DINGBATS

Illustration : Palix
Paru dans L’avenir de Luxembourg | Actu24

4 avr 2010 | Matière à dispute

 

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