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La centrale de Fukushima et le moulin de Quincampoix

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Le nucléaire civil – l’énergie nucléaire produite et exploitée pour fabriquer de l’électricité – date du milieu des années 50. Donc un bon bout de temps, déjà ! Et cette industrie compte, au total, près de 500 réacteurs en activité, répartis dans le monde entier. Avec un gros paquet dans un pays francophone : la France.
Le nucléaire civil n’a pas que des avantages – c’est le moins qu’on puisse dire. Quand une centrale part en toupie, bonjour les dégâts collatéraux ! Et le collatéral, dans le cas du nucléaire, il est large et il est long… Il dure.
Aussi, face à cet état de choses, je me pose – et je vous pose – deux questions : comment se fait-il que la langue n’en parle pas ? Comment se fait-il qu’elle n’en dise rien ? Il n’y a pas la moindre expression imagée, pas la plus petite locution phrastique qui s’y réfère.
Prenez Napoléon… Lui, rien qu’avec ses campagnes, il l’a marquée, la langue. Waterloo peut servir d’image pour dire qu’on s’est planté dans une quelconque entreprise ; que ça a mal tourné, que ça a tourné court.

La Bérézina, c’est presque pareil ! C’est quand on tombe sur un os. Un écueil… Pierre Perret le montre bien dans une chanson qui raconte les déboires de panadeux ; des abonnés aux coups foireux. Je vous cite le refrain : « Voilà, comme dit la môme Nina / C’est pas jour de gala / C’est la Bérézina. »
Donc il n’y a toujours pas de traces de l’industrie nucléaire dans la langue. Tandis que l’activité meunière, elle, en a laissé plein !… Des proverbes, des expressions, des toponymes… On a vu Houte-Si-Plou, il y a quelques mois. (Dérivé de écoute s’il pleut et ayant à peu près autant d’orthographes que d’emplois.)
Voyons maintenant Quincampois (ou Kinkampois). Ce toponyme-là vient du tour en vieux français cui qu’en poist, signifiant littéralement : à quelque personne qu’il en pèse, quelque personne que cela peine. La pesance, c’est, en ancien français, la peine, le chagrin, le souci.
Parce que, du souci, de la peine, il arrivait que les meuniers, entre eux, s’en causassent. Quand un nouveau s’installait en amont d’un autre – et surtout trop près –, il modifiait, il modulait quelque peu, évidemment, le cours de la rivière ; son débit. Il perturbait l’activité du premier occupant de cette portion de rivière. Et comme, de surcroît, le nouveau se retrouvait en position de force, de décideur, il était regardé de travers par l’ancien… Regardé comme un importun, un contendant déloyal. De là lui vint son nom de Quincampois. Celui qui se moque bien du désagrément qu’il occasionne.
Je pense à ceci, du coup !… Qui nous ramène à Fukushima… De même qu’on dit qu’il y a plus d’un âne, à la foire, qui s’appelle Martin, on pourrait appeler Quincampois plus d’un fourgueur de centrales nucléaires, non ?

 

15 avr 2012 | Matière à dispute

 

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