Mazette, il est exquis, ton pâté de mauviette !
Mazette est un mot exclamatif. Qui sert à l’expression d’une émotion forte et heureuse. Qui sert à dire ce qu’on éprouve quand on est admiratif de quelqu’un ou de quelque chose. Admiratif ou comblé, carrément.
Mais le mot mazette ne dit pas que ça. Il peut désigner aussi un cheval. Et dans ce cas alors, curieusement, la charge de sens est négative : la mazette est un mauvais cheval. Petit, malingre. Un canasson. Une carne. Une rosse. Rosse qu’on retrouve dans le nom du cheval de Don Quichotte : Rossinante.
Il arrive aussi que la mazette soit une personne. Mais ce n’est pas plus flatteur !… « Homme qui manque de force et d’ardeur pour la marche ou le travail, personne inhabile à des choses qui exigent de l’adresse », dit le Grand Larousse.
Et la mauviette alors ? C’est le vieux nom de l’alouette. Mais surtout de l’alouette quand elle est au mieux de sa forme, dodue de partout. Bonne à manger. Rôtie, en brochette ou en pâté.
Et quand la mauviette est une personne – autre retournement de sens –, c’est une personne chétive, languissante, maladive, de faible apparence, de complexion délicate.
Attention, donc, à ne pas se tromper ! La mazette peut être un cheval ; et la mauviette, une… mazette ! Ou une alouette. Mais l’alouette n’est pas une mazette.
Pas étonnant dès lors qu’on se réfère à la recette du fameux pâté d’alouette pour évoquer une tromperie. Vous savez, cette recette qui nécessite, comme ingrédients de base, une alouette et un cheval… On dit au final que c’est du pâté d’alouette. Oui… il y en a… Il y a un peu d’alouette dedans. Un tout petit peu ! Mais on doit quand même à la vérité de reconnaître que ce pâté-là, il a forcément plus le goût du cheval que le goût de l’alouette.
Le cheval et l’alouette – ou la mauviette – ne se marient pas que dans le pâté ; on les retrouve encore devant le pâté, dans des expressions figurant l’appétit.
D’un bon, d’un gros mangeur – surtout quand il est invité ! –, on dira de lui qu’il se tient mieux à table qu’à cheval.
Par contre, d’une personne qui mange peu, à petits morceaux, qui pignote, qui chipote, on dit qu’elle mange comme une mauviette. Mauviette qui pourtant – on l’a montré ci-dessus – désigne l’alouette bien soutenue, potelée, rondelette ; l’alouette qui fait saliver.
On voit par là qu’il y a bien deux sortes de mauviettes : celle qui fait pitié et celle qui fait envie.
Et l’odeur du pâté alors ?… Quelqu’un qui s’indigne parce qu’il est injustement maltraité, évité, ou même rejeté, dira : « Mais merde à la fin !… Vous trouvez donc que je sens le pâté ? »
Pourquoi ça ? Pourquoi l’odeur du pâté a-t-elle si mauvaise réputation ?
Je vous laisse réfléchir là-dessus.