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Ça marche ! | Paru dans L’avenir de Luxembourg | Actu24

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Eh bien, si c’est ça, profitons-en, alors ! Profitons que c’est Marche qui a, cette fois, le titre de « Ville des mots » en Wallonie pour faire un peu le point sur cette locution toute simple, toute courte, qu’est la locution ça marche. Elle est mal aimée. Elle est même souvent condamnée, considérée comme fautive. Certains préfèrent dire, quand on parle d’une machine, d’un moteur, d’une installation ou d’un instrument : ça fonctionne. D’aucuns poussent même le zèle jusqu’à dire cela… Cela fonctionne.
Je ne sais pas vous mais moi ça m’agace un peu, cet excès de zèle ; ça m’énerve surtout quand je demande, par exemple, à ma banquière, à propos de telle opération qu’elle fait à distance : « Alors, ça marche ? » et qu’elle me répond, avec une vois pincée : « Cela fonctionne, oui. »
Marcher ne veut pas seulement dire : aller d’un pied sur l’autre sans jamais quitter le sol. Le verbe marcher compte vingt-six entrées dans le Littré, pas moins ! Vingt-six sens. Vingt-six nuances de sens. Et – c’est le moment de le constater – il y a, entre autres, un marcher en termes de danse, un marcher en termes d’escrime, un marcher en termes de manège, un marcher en termes de marine, un marcher en termes de vénerie, un marcher en termes de musique… Et il y a un marcher qui est synonyme de fonctionner en parlant d’un mécanisme, d’un dispositif quelconque. Un mécanisme qui peut être fixe, évidemment : l’horloge murale, par exemple. Ou la chaîne hi-fi. Qui, il n’y a quand même pas si longtemps, portait encore à l’endroit de la mise en… route ! les mentions Marche et Arrêt.
De même qu’on peut bouger sans marcher, on peut marcher sans bouger. Et il n’est pas besoin, pour marcher, d’avoir des jambes et des pieds. Marcher, c’est se mouvoir, c’est changer de place … « Les rivières sont des chemins qui marchent », a dit Pascal. « Et qui portent où l’on veut aller. »
Marcher, c’est procéder, c’est prospérer, c’est progresser. En bien ou en mal. « Le monde, avec lenteur, marche vers la sagesse », dit Voltaire. « Cet État marche à sa ruine », dit un autre. Et un autre encore : « C’est une affaire qui marche. » Et Proudhon enfin : « Tout marche, tout a toujours marché, tout marchera éternellement. »
Au XVIIe, marcher était encore une forme emphatique du verbe être. On le voit chez Boileau ou chez Racine. Et il reprend à peu près ce sens-là dans l’argot de papa ; il est l’équivalent d’en être : « Alors Paulo, qu’est-ce tu dis de ma combine ? Tu marches ? »
Pour finir, revenons à ce marcher qui signifie : occuper un rang, une place déterminée. « La philosophie marche la première dans l’ordre des connaissances. » Et Marche aussi !… Marche, la ville de Marche, marche la première dans cette semaine où la langue française est en fête.
Marche est en tête. Marche mène la danse. Celle des mots. Allez alors, allons-y Alonzo. Allons tous au bal.

Par Zapf DINGBATS

Illustration : Palix
Paru dans L’avenir de Luxembourg | Actu24

24 mar 2010 | Matière à dispute

 

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