Podcast de Vivacité | collaboration de Palix avec Zatopek
Podcast de Vivacité | Palix et Zatopek
13 avr 2010 | Reportages et interviews |
ROSSIGNOL | De l’illustration à la bande dessinée, il multiplie ses talents !
Vous ne pouvez pas passer outre ses œuvres, à moins que d’être un extraterrestre… si vous sirotez une bonne bière de Rulles, en écoutant un CD des flibustiers de Cré Tonnerre tout en lisant la dernière édition du magazine Zatopek et en jetant un oeil en coin sur une affiche de Brassigaume… vous ne pouvez y échapper ! Et
heureusement d’ailleurs, car l’enfant du pays, né à Habay en 1976, a aujourd’hui une reconnaissance qui franchit de très loin nos frontières, notamment grâce à ses dessins
de presse judiciaire qui ont illustré à l’international des procès tels ceux de Dutroux, Fourniret, Lhermite, et bien d’autres. Vous l’avez reconnu ? Bien entendu, il s’agit de Pierre-Alexandre Haquin, mieux connu encore sous le pseudonyme de Palix !
Rencontre avec Palix : De lʼillustration à la bande dessinée, il multiplie ses talents !
Qui est Palix ?
- C’est tout d’abord un pseudonyme qui masque mon vrai nom : Pierre-Alexandre Haquin.
Je suis né en 1976 à Habay-la-Neuve et je suis venu m’installer à Rossignol il y a cinq ans. Je suis marié et heureux papa de 2 enfants. Professionnellement parlant, je suis principalement dessinateur. Une chose qui me caractérise est que j’aime travailler sous pression, avoir une masse importante de travail à réaliser en peu de temps, c’est cette adrénaline qui booste ma créativité.
D’où vous vient cette passion pour le dessin, l’illustration ?
Je crois avoir toujours eu, aussi loin que puisse remonter ma mémoire, le ressenti du dessin. J’avais spontanément le ressenti de ce qui est un bon ou un moins bon dessin chez les autres. Vers 8 ans, quand j’ai appris que c’était le métier d’Hergé de créer des bandes dessinées et que ce n’était pas qu’un loisirs post-scolaire, j’ai eu la conviction que c’était ma voie.
D’où vient le pseudonyme «Palix» ?
- Il s’est lui aussi imposé très tôt. Vers 14-15 ans, peut-être un peu naïvement, mais quand
j’ai su que tous ceux que je lisais, à part Franquin – éditaient sous pseudonyme, j’ai voulu avoir le mien. Palix est issu des initiales de mon prénom et il est rapidement devenu mon
surnom au Patro, puis à l’école… et cela s’est répandu comme une tache d’huile. Je pensais que c’était au demeurant un nom complètement imaginaire, mais c’est un nom de
famille assez répandu, en France notamment.
Quelles études avez-vous faites, des humanités artistiques au départ ?
- Non, pas vraiment. Mes humanités furent assez diversifiées, de l’économique au scientifique. Ce n’est qu’en sortant que je me suis inscrit en illustration à Saint-Luc à Liège. Au départ là, parce qu’il n’y avait pas de concours d’entrée et, n’ayant jamais eu de cours de dessin, il me fallait des notions de perspective, de couleur et de composition – que je faisais d’intuition, mais sans en connaître les fondements. Là, je me suis vite rendu compte que ce n’est pas parce que tu sais dessiner des visages marrants sur les fardes des filles pour faire rire tout le monde que tu es le futur Hergé ou Van Gogh. Quand on
te fait dessiner en exercice un personnage qui monte un escalier de profil et de face et qui le descend ensuite de dos et de l’autre profil, tu te rends compte que tes qualités de dessins sont assez limitées. Par ce genre de test, on est vite remis les pieds sur terre et en face de la réalité. Il y a un bon éclairage, et j’ai trouvé cela intéressant.
Comment se sont passés les débuts ?
- Assez difficilement. Je m’étais donné comme consigne de ne pas partir sur d’autres
orientations comme l’ont fait la plupart de mes amis d’école. J’étais rassuré par rapport à
une chose : si on me donnait du travail et des contraintes, je saurais y répondre. Je me suis très vite discipliné, sans commande, à faire mes gammes de dessins, pour m’entretenir et progresser. Cela m’a permis de ne pas décrocher. J’avais toutefois
comme principe d’accepter tout ce qu’on me proposait… il y a eu de bons projets, et de moins bons…mais dans tous les cas, j’en ai retiré quelque chose de positif. Plus le dessin a évolué, plus j’ai augmenté mes exigences par rapport à moi-même et plus la notoriété s’est mise à augmenter. Cela a fait comme un effet boule de neige… je m’étais fixé comme objectif que chaque travail fourni m’en ramène un autre. Puis, la machine s’emballe, on ne peut plus tout accepter. On peut alors se permettre de faire des choix.
Quelles sont les étapes professionnelles marquantes jusqu’à ce jour ?
- Globalement, je définirais trois étapes charnières. La première est venue il y a une
dizaine d’années avec les premières étiquettes de la bière de Rulles. La deuxième lorsque, arrivé à un certain niveau de dessin dans le réalisme, je me suis mis à déformer mes personnages et cela a donné naissance à des petits lutins, trolls… Le succès m’a alors un peu dépassé et pendant un an et demi, je n’ai quasiment plus fait que ça : expositions, bibliobus de la province de Luxembourg, affiche Brassigaume, etc. Pour
la troisième étape, elle a pris sa source après avoir sympathisé avec Pierre Kroll à la suite d’un enregistrement du jeu des dictionnaires. Quelques mois plus tard, Dominique Demoulin, son épouse, qui est chroniqueuse judiciaire à RTL-TVI me contacte pour me proposer de passer une audition en proposant un projet original en tant que dessinateur
d’audience pour le procès Cools. J’ai proposé une technique de croquis à l’aquarelle
qui les a séduit et qui m’a ensuite permis de couvrir de nombreux autres procès (Dutroux, Fourniret, Abdallah Aid Out, Genevière Lhermite… plus quelques autres moins médiatisés) et de choisir les médias pour lesquels je travaillais.
Est-ce intéressant de couvrir ce type de procès ?
- Je trouve, oui. D’une part, cela me relie à mon oncle, aujourd’hui décédé, René Haquin, chroniqueur judiciaire et auprès duquel, enfant avec des cousins, on venait après les
repas de famille pour qu’il nous raconte ses enquêtes. Ensuite, humainement parlant, on
retrouve dans ce type de procès un microcosme de la société, un éclairage sur l’humanité,
entre l’accusé, les avocats, les juges, les jurés, le public… Et puis, là aussi, on travaille sous pression permanente, ce qui me plait énormément. De plus, alors que mon travail habituel se fait dans mon atelier, en solitaire, là, on travaillait en équipe.
La passion est votre vrai moteur, alimenté par la pression… ?
- Il est clair que j’aime tout ce que je fais, sinon je ne le ferais pas. Et puis, chaque expérience alimente, oxygène l’autre. Le dessin historique est très différent du fantasmagorique ou encore de la peinture. De chaque contrainte qui émerge dans chaque domaine je m’attache à la transformer en une nouvelle force.
Quel rapport avez-vous avec la peinture justement ?
C’est ma cour de récréation. Ce n’est pas du tout la même technique, ni le même format, ni la même position de travail que pour l’illustration. La peinture me permet de découvrir de nouvelles choses, d’explorer mon inconscient, c’est exactement le contraire de ce que je fais habituellement. Ici, il n’y a pas de projet imposé, de commande, de brouillon, de client… C’est la toile blanche au départ et de là naît un voyage ; c’est lui qui est important au final et pas le résultat, le point d’arrivée. En fait, je la pratique le plus souvent quand je suis overbooké, elle me permet de renouveler mon inspiration, et de décompresser.
Quelle est l’actualité de Palix ?
- Elle tourne autour de deux grands projets. Le premier s’est concrétisé ce début d’année
pour l’édition du magazine trimestriel de running et santé «Zatopek». Par édition, ils m’ont
demandé de réaliser 6 planches de BD qui racontent à chaque fois l’histoire d’un athlète. La première histoire concerne Jessie Owens, l’athlète noir américain qui a remporté plusieurs médailles en 36, lors des Jeux Olympiques de Berlin, en plein cœur de l’Allemagne nazie. La BD a toujours été ma volonté première et ce magazine me permet de réaliser une part du rêve. En plus, les commanditaires me permettent de travailler comme je l’aime, en couleurs directes. Il me faut environ 5 jours pour réaliser une planche. Un deuxième gros défi d’actualité est la sortie en fin d’année aux éditions Weyrich d’un projet sur le sujet duquel je planche depuis 10 ans : Louise de Lambertye, la Marquise du Pont d’Oye. Il s’agira d’un livre d’illustrations avec des textes de Jacques Herbet. Cette histoire m’a toujours fascinée… on raconte que les gens se pressaient
au passage de son carrosse pour voir si des clous en or ne se détachaient pas… On
va essayer de donner un nouvel éclairage à cette légende.
En conclusion ?
- Si les lecteurs veulent en savoir un peu plus encore, ils peuvent se rendre à la bibliothèque de Gérouville ce vendredi 26 février à 20h. Elle m’a invité à venir y parler de mon travail d’illustrateur… avec démonstrations projetées sur grand écran…
Paru dans Vlan
24 fév 2010 | Reportages et interviews |
En dehors des sentiers battus | BD Jesse Owens | entretien | LX Sudpresse
Que dire du contenu de ces planches de BD ?
Il y a une volonté de témoigner de l’histoire. Et, qui plus est, de la raconter aux enfants. Il y a deux niveaux de récits. Au départ, on se trouve dans un stage où un entraîneur commence à raconter une histoire aux jeunes avant qu’ils ne s’endorment. En l’occurrence l’histoire, pour ces six premières planches, de Jesse Owens qui devient alors un récit dans le récit. Dans la BD, se mêlent donc des images d’archives et des scènes imaginaires.
C’est votre premier projet BD. Quelles sont les grandes différences entre le travail d’illustrateur et de dessinateur de BD?
Il y a d’abord un gros travail de documentation, surtout dans le cadre d’une histoire à caractère historique comme celle-ci. Dans la bande dessinée, ce qui change, c’est qu’il faut
penser chaque image à partir d’un ensemble d’images. Chacune d’entre elles est porteuse de sens. Chaque image permet d’avancer d’un pas, est utile au récit. S’il en manque une, on trébuche.
Au niveau du style, où vous situez-vous ?
Je ne fais pas de la BD de manière traditionnelle, dans la mesure où dans mes dessins, il n’y a pas vraiment d’encrage. Je travaille directement sur la couleur.
Une technique plus proche de l’illustration que la BD.
Je me plais en dehors des sentiers battus. Mais cela reste de la BD. Il est intéressant de constater que lorsque je réalise des illustrations, on me dit que j’utilise des techniques proches de la bande dessinée. Maintenant que je fais de la BD, on me dit que je travaille comme un illustrateur. Le fait est que je ne suis jamais rentré dans un canevas prédéfini. Et dans mon travail actuel, on retrouve dix années d’expériences cumulées.
SÉBASTIEN LAMBOTTE
LX Sudpresse
4 fév 2010 | Reportages et interviews |
Palix entre dans la BD au pas de course | LX Sudpresse | 30 janvier 2010
Les premières planches du dessinateur gaumais viennent d’être publiées dans Zatopek
Palix dessine le destin de légendes de l’athlétisme dans sa première BD. Elle sera prépubliée dans le magazine Zatopek, spécialisé dans la course à pied.
C’est en illustrant les grands procès judiciaires de Belgique et notamment celui du procès Dutroux, après avoir fait ses premières armes en développant un univers fantasmagorique, que Palix s’est imposé en tant que dessinateur de talent. Le Gaumais, aujourd’hui, présente son premier projet BD. À découvrir dès ce week-end dans le magazine Zatopek, spécialisé dans la course à pied, qui vient d’arriver dans les rayons des librairies.
Dans ses six premières planches, Palix illustre l’histoire de Jesse Owens, l’athlète noir américain qui a remporté plusieurs médailles en 36, lors des Jeux Olympiques de Berlin, en plein cœur de l’Allemagne nazie d’Hitler.
« C’est une première histoire« , explique Palix. « Elle sera suivie d’autres, à raison de six pages par numéro. Au bout de deux ans, à raison de quatre numéros par an, on aura 48 pages, l’équivalent donc un album. »
Dans chaque numéro, la bande dessinée s’attardera sur le destin d’une légende de l’athlétisme, réelle ou imaginaire. Le prochain sera Milon de Crotone, un héros de la mythologie grecque. »
Palix, s’il a toujours désiré faire de la bande dessinée, ne pensait sans doute pas tomber sur un tel projet, et de cette manière.
« Instinctivement, j’ai toujours eu l’impression que ça arriverait. J’espérais juste que cela n’arriverait pas quand j’aurais cinquante ans « ,explique le dessinateur. C’est à l’occasion de la dernière édition de la course à pied » Les Forges de la Forêt d’Anlier », que Palix rencontra un responsable de Zatopek. « À l’issue de la course, je me suis rendu à leur stand. Je leur ai dit que je trouvais leur magazine très bien mais qu’il manquait d’illustrations. Je me suis abonné, de sorte que j’étais assuré qu’ils garderaient mes coordonnées« , s’amuse Palix.
Dès le lundi matin, Gilles Goetghebuer, rédacteur en chef du magazine contactait Palix.
L’homme est tombé sous le charme du coup de crayon de Palix. Il lui propose de réaliser une BD autour de plusieurs scénarios qu’il avait écrits dans le cadre d’un autre projet entretemps tombé à l’eau. « C’est le genre de proposition qui ne se refuse pas « ,commente Palix.
Puis, ce projet permet au dessinateur d’allier deux de ses passions.
« La première chose que l’on m’a demandée chez Zatopek concernait mon rapport à la course à pied. Je ne sais pas s’ils m’auraient invité à travailler avec eux si j’avais répondu que cela ne m’intéressait pas. »
C’est donc avec enthousiasme, et à vive allure, que Palix a entamé sa première BD.
SÉBASTIEN LAMBOTTE
LX SUDPRESSE
4 fév 2010 | Reportages et interviews |
Reportage sur Palix | Procès Lhermitte | TVLux
|-> Lire l’article de Samira Boudou sur TVLux.be | procès Lhermitte couvert par Palix
30 nov 2009 | Reportages et interviews |
Palix, des procès d’assise à la bande dessinée | Référence Immobilière | Oct 2009
On ne présente plus Palix. Ou du moins, on ne devrait plus avoir à le faire. Tant le (sur)nom de l’illustrateur a déjà retenti dans nos contrées. La réputation de l’artiste, toutefois, a largement dépassé les frontières de la verte province. Petit à petit, au fil des dessins de presse et des grands procès d’assise qu’il a illustrés, la signature de Palix est apparue dans la plupart des principaux médias nationaux, qu’ils soient francophones ou néerlandophones, écrits ou audiovisuels. Aujourd’hui, si Palix collabore toujours avec les médias, c’est la bande dessinée qui lui tend les bras. Un projet est en préparation et Palix lève un coin du voile.
Palix, depuis combien de temps dessines-tu ?
Cela doit faire dix ans que je suis pro. J’ai quitté Saint-Luc il y a onze ans.
Qu’est-ce qui t’a poussé à vouloir vivre du dessin ?
C’est toujours difficile de donner les raisons pour lesquelles on dessine. J’imagine qu’à une époque c’était un truc que je savais faire, qui permettait de se faire remarquer positivement, surtout auprès des filles.
Tu as toujours dessiné ?
Oui. Cela fait partie de mon équilibre. C’est pour moi un moyen d’exprimer des choses que je n’arriverais pas à exprimer autrement. En quelque sorte, cela me permet de faire un travail de bouffon du roi, de faire passer des choses que l’on n’arriverait moins bien à faire passer par écrit, ou en les disant platement. C’est un mode d’expression que j’ai surdéveloppé. Je fais passer un certain nombre de messages par le dessin.
Mais entre le fait d’aimer dessiner et d’en faire son métier, il doit y avoir un certain nombre de difficultés à surpasser…
Ce qui m’inquiétait le plus, avant de m’orienter vers Saint-Luc, c’était surtout de savoir si j’étais capable de faire des études de dessins. Je n’avais pas spécialement suivi de cours, je n’avais pas la technique. Mais au final, avec du recul, ce fut assez facile. J’ai, en tout cas, des souvenirs de cours de math ou de chimie, en humanité, qui sont beaucoup plus durs. Après mes études de dessin, s’est posé un autre problème… Je me suis demandé si, en sortant du cadre académique, avec ses échéances, la pression, j’allais être capable de continuer à travailler et à progresser. Je me suis alors imposé des contraintes, des objectifs artistiques à atteindre. Puis j’ai essayé de me faire connaître. J’ai accepté tout ce qu’on me proposait.
Te faire un nom, cela a-t-il pris du temps ?
Il faut encore faire la différence entre se faire connaître et avoir une reconnaissance. Au début, j’ai fait des expos. Puis les médias s’y sont intéressés. Cela m’a permis d’élargir mon public. Il y a un effet boule de neige. On fait des rencontres, on trouve de nouvealles opportunités. Par exemple, j’ai croisé les brasseurs de Rulles et de la Sainte-Hélène. J’ai réalisé leurs étiquettes.
Pour ceux qui ne le savent pas, tu as d’abord été connu pour ton univers fantaisiste… avec de nombreux dessins de trolls…
Trop vite et trop facilement sans doute. C’était la première époque de ma carrière. Au départ, cet univers, c’était plus un thème d’expo, un délire. Je voulais expérimenter quelque chose, sortir du cadre académique qu’a été celui de mes études. J’accentuais les formes et je suis arrivé à cet univers fantaisiste. C’était juste un exercice de style. Ce qu’il y a… c’est qu’on en a vite fait le tour. Je me suis vite rendu compte que je ne pourrais pas faire ça toute ma vie. C’est à ce moment que j’ai rencontré Pierre Kroll (dessinateur de presse – Le Soir, RTBF, Télémoustique…, ndlr). Ce qui m’a permis de travailler pour RTL-TVi, sur le procès Cools.
Comment s’est passé cette rencontre, et comment vous avez été amené à travailler sur des procès ?
J’avais besoin de changer d’univers. J’ai rencontré Pierre Kroll lors d’un enregistrement du jeu des dictionnaires. J’avais, à l’époque, travaillé pour un autre dessinateur, Francis Carin, sur les couleurs d’une de ses bandes dessinées. Celui-ci avait commencé avec Pierre Kroll. A la fin de l’enregistrement, je me suis approché de Kroll et lui ai dis qu’il avait le bonjour de Francis Carin. Il m’a invité à boire un verre en coulisse et… ça a duré trois bouteilles de vin. A la fin, on a échangé nos cartes de visites. D’habitude, ce genre d’échange ne débouche jamais sur rien. Mais pas avec Pierre Kroll. RTL-TVi, cherchait quelqu’un pour illustrer les procès et Pierre Kroll a dit à sa femme, Dominique Demoulin qui travaille à RTL, que s’il y avait bien quelqu’un pour faire ça c’était moi.
Coup de pouce sympathique.
Oui. Est alors arrivé ce nouveau challenge : travailler pour la téloche. C’était très excitant. D’autant plus que je n’étais pas un spécialiste des portraits et pourtant, sans doute grâce au crédit de Kroll, on me laissait carte blanche.
Un exercice dans lequel tu as pris rapidement tes marques….
Il a fallu s’adapter. C’est autre chose. Tu quittes ton cadre tranquille, ta table de dessin pour retrouver dans une salle d’audience, dans des conditions difficiles avec tout le stress qui va avec. Au procès Cools, pendant trois mois, j’ai dessiné debout sur un appui de fenêtre. Il faut tous les jours négocier avec les flics pour s’approcher, pour pouvoir travailler. A l’issue de ce procès, Dominique Demoulin m’a demandé si le procès Dutroux m’intéressait. Forcément oui. Rien que le fait que ce soit nettement plus proche de chez moi constituait déjà un sacré avantage.
Faire des portraits au cœur d’un procès, c’est tout de même autre chose que de dessiner des trolls…
On ne peut pas vraiment parler de portraits. Mais plus de dessins d’audience, de croquis d’attitude. Le matin, tu n’as pas vraiment de consigne. Tu t’attaches à représenter ce qui se passe durant la journée. Il faut dessiner avec ses oreilles, écouter ce qui se dit, ce qui se passe. Sentir ce que le média pour lequel on travaille attend va demander en fin de journée. J’ai eu la chance de piger ce truc là spontanément. Maintenant, avec le nombre de procès que j’ai derrière moi – j’ai dû en faire une dizaine au cours de l’année 2008 -, je sais anticiper certaines choses. Lors du procès Lhermitte, j’ai attendu pendant une demi-heure que Geneviève Lhermitte pète les plombs. J’avais arrêté de dessiner les autres grands acteurs du procès. Je savais qu’elle allait exploser. Et le lendemain, tous les médias, ou presque, ont repris mon dessin.
Tu n’as pas peur d’être enfermé dans le genre, cela te plaît ?
Oui, ça me plaît. Et non, je n’ai pas peur d’être enfermé dans le genre. Au contraire, cela m’a donné beaucoup de crédibilité. Tu as le côté « vu à la télé » qui joue. J’avais 25 ans et j’ai vraiment pu constater une différence de traitement entre le « avant » et le « après » mes premiers procès. Jusqu’au point où des chercheurs français se sont intéressés à mon travail à travers une étude sur le rôle des médias dans les procès d’assises. Cela débouchera finalement sur une expo au Centre Pompidou à Paris.
Et en dehors des procès, comment occupes-tu ta vie professionnelle ?
J’ai, par exemple, travaillé sur un bouquin qui traite du domaine provincial de Mirwart et qui vient de sortir. Un bouquin historique dans lequel j’illustre ce que les documents n’ont pas pu illustrer. Je continue par ailleurs à illustrer, chaque lundi, dans l’avenir du Luxembourg, la chronique de Zapf Dingbats. Et, cela risque de vous intéresser beaucoup plus, je commence à travailler sur un projet de B.D.
Peux-tu nous en dire plus ?
J’ai été approché par un magazine bruxellois sur la course à pied qui s’appelle Zatopek. Le rédacteur en chef est tombé amoureux de mes dessins et m’a proposé un projet qu’il avait dans ses cartons. Il s’agit de réaliser une bande dessinée qui sera pré-publiée à raison de six pages par magazine chaque trimestre pendant deux ans.
La bande dessinée, un rêve d’enfant qui se réalise ?
Oui. Quand t’es gosse, tu lis des BD. Tu aimes bien et tu te dis que plus tard, tu feras ça. Mais, d’un autre côté, le marché est tellement saturé que si on suit le canevas traditionnel pour essayer de percer, on a toutes les chances de se casser la gueule. Il faut donc trouver des chemins de traverse. Comme Stedo l’a fait avec les pompiers par exemple. Mais moi, j’ai moins d’affinité avec l’univers des pompiers. Par contre, j’adore la course à pied. A travers ce projet, je vais pouvoir allier deux passions. En plus, le magazine entre dans une démarche écologique et de développement durable qui n’est pas pour me déplaire.
De quoi va traiter cette BD ?
Elle va raconter la vie d’une série de personnages existant, ayant existé ou même mythiques. Cela va de Carl Lewis à Milon de Crotone, athlète d’un mythe grec. Nous allons parler de la vie de ces personnages et montrer ce qui, dans leur existence, fait qu’ils sont devenus de grands champions. On part à la recherche du terreau des champions. Les six premières planches, à paraître en janvier, seront consacrées à Jesse Owens, le noir américain qui a remporté trois médailles d’or aux Jeux Olympiques de Berlin sous Hitler à une époque ou la population noire américaine souffrait de la ségrégation. Il y a des détails croustillants dans sa vie.
C’est une bande dessinée historique donc…
Historique et didactique. Cela devrait plaire à toutes les générations. C’est artistiquement intéressant tout en étant accessible à un grand public. C’est le défi en tout cas. Mais, au niveau du magazine, ils y croient. J’espère, pour moi, que ce sera fructueux.
Référence Immobilière | Octobre 2009
Interview de Sébastien Lambotte