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En dehors des sentiers battus | BD Jesse Owens | entretien | LX Sudpresse

Que dire du contenu de ces planches de BD ?

Il y a une volonté de témoigner de l’histoire. Et, qui plus est, de la raconter aux enfants. Il y a deux niveaux de récits. Au départ, on se trouve dans un stage où un entraîneur commence à raconter une histoire aux jeunes avant qu’ils ne s’endorment. En l’occurrence l’histoire, pour ces six premières planches, de Jesse Owens qui devient alors un récit dans le récit. Dans la BD, se mêlent donc des images d’archives et des scènes imaginaires.

C’est votre premier projet BD. Quelles sont les grandes différences entre le travail d’illustrateur et de dessinateur de BD?

Il y a d’abord un gros travail de documentation, surtout dans le cadre d’une histoire à caractère historique comme celle-ci. Dans la bande dessinée, ce qui change, c’est qu’il faut
penser chaque image à partir d’un ensemble d’images. Chacune d’entre elles est porteuse de sens. Chaque image permet d’avancer d’un pas, est utile au récit. S’il en manque une, on trébuche.

Au niveau du style, où vous situez-vous ?

Je ne fais pas de la BD de manière traditionnelle, dans la mesure où dans mes dessins, il n’y a pas vraiment d’encrage. Je travaille directement sur la couleur.

Une technique plus proche de l’illustration que la BD.

Je me plais en dehors des sentiers battus. Mais cela reste de la BD. Il est intéressant de constater que lorsque je réalise des illustrations, on me dit que j’utilise des techniques proches de la bande dessinée. Maintenant que je fais de la BD, on me dit que je travaille comme un illustrateur. Le fait est que je ne suis jamais rentré dans un canevas prédéfini. Et dans mon travail actuel, on retrouve dix années d’expériences cumulées. 

SÉBASTIEN LAMBOTTE
LX Sudpresse

4 fév 2010 | Reportages et interviews |

Une frite, un crème, et fissa ! | Paru dans L’avenir de Luxembourg | Actu24

Illustration | frite | Palix



L’obsession de la vitesse est partout, même dans nos paroles évidemment, nos manières de dire. On fonce en laissant en plan un mot par-ci, un autre par-là… À notre auditeur de se débrouiller, de les remettre ! On emprunte tous les raccourcis possibles et imaginables… Au début, au milieu, à la fin des enchaînements qui font une unité de sens, des groupes de mots.
Tenez ! prenez la frite, par exemple. Et vous faites bien parce que c’est un bon exemple, vous allez voir… On dit maintenant « Une frite ! » pour commander une portion de frites, ou un plat de frites. On voit déjà que la frite, nom féminin singulier, est devenue un collectif, un terme représentant un ensemble. Comme le peuple, ou la foule. Mais frite, c’est d’abord le féminin de frit, qui est le participe passé adjectivé du verbe frire. Lequel signifie : cuire par immersion dans un corps gras bouillant, notamment dans l’huile.
Et de quelle sorte d’aliment parle-t-on quand on parle de frites – ou de frite ? De pommes de terre. Qui ont été épluchées, coupées en bâtonnets et, donc, cuites dans l’huile. Frites, quoi !

On voit par là que, du groupe nominal pommes de terre frites, il n’est resté que le mot de la fin, un verbe au participe passé, adjectivé, substantivé, et qui a préféré la singularité à la pluralité.

Ainsi le déterminant a remplacé le déterminé, la frite a absorbé la pomme de terre. Comme la Belgique, ma foi. Si ! Le mot belgique, lui aussi, a longtemps été un adjectif. Au temps de l’Empire romain, le pays où nous sommes, le pays que nous sommes, c’était la Gaule belgique. Au XVIIe siècle, on trouve chez Boileau un lion belgique. En regard d’un aigle germanique. La Belgique n’est devenue un nom propre désignant le pays géographique – l’ensemble des provinces belgiques – qu’à la fin du XVIIIe siècle.

Autre cas où le déterminant a absorbé le déterminé : la ville première d’un pays, la ville où siège le gouvernement, c’était la ville capitale. Puis la capitale tout court. Mais l’adjectif capital a gardé son emploi par ailleurs. Ce n’est pas le cas de cathédrale. La cathédrale aujourd’hui, ce n’est plus que l’église cathédrale, celle de l’évêque, celle où il a son trône… Mais cathédral a longtemps été un adjectif signifiant : principal, magistral, doctoral, pédantesque. Dans un conte en vers intitulé « Le tableau », La Fontaine, pour désigner un jeune homme fort entreprenant auprès des femmes, audacieux et même outrecuidant, parle d’un galant cathédral.
Et le crème alors, commandé en même temps que la frite ? C’est le café avec du lait, bien sûr ! Ou de la crème ! Mais ce qui est curieux dans ce cas-là, c’est que le déterminant crème, a bien, comme par ailleurs, absorbé le déterminé, le café en l’occurrence, mais le déterminé ici a imposé son genre au déterminant : crème est devenu masculin. Autre beau cas : le complet désignant le costume complet, pantalon et veston. Comme on a fini par l’oublier, on a recomposé le mot complet, mais autrement : le complet-veston.

Par Zapf DINGBATS

Illustration : Palix
Paru dans L’avenir de Luxembourg | Actu24

5 déc 2009 | Matière à dispute |

Retour sur la charrette | Paru dans L’avenir de Luxembourg | Actu24

Retour sur la charrette | illustration | Palix



Je reviens à la charrette parce que je ne vous ai pas tout dit sur elle, l’autre lundi. – Il y avait trop ! Mais comme il en est justement question dans le film de Peter Strickland « Katalin Varga », actuellement sur vos écrans, selon la formule consacrée, alors j’en profite, ma foi !

Ce film, c’est une manière de road-movie, mais lent… Tout en lenteur et en charrette ! Il a pour décor la Transylvanie profonde, mystérieuse, inquiétante ; celle de Dracula (le grand diable en roumain). La Transylvanie avec son folklore et son écrasante nature, belle et brutale. Ses forêts et ses lacs, aux limites du fantastique. Et ça raconte l’histoire à la fois classique et tragique de la violence, de son cycle infernal. Il y a d’abord le viol de Katalin Varga puis les réactions en chaîne : le rejet, la honte, la haine, le désir de vengeance…

La femme bafouée et réprouvée et son enfant illégitime se lancent dans un périple éperdu. Elle fuit sa vie, elle erre dans son passé… Fuite, errance sur une charrette à cheval. Et, chemin faisant, elle finira par retrouver son bourreau… Transformé. Vivant heureux en famille. Que faire alors de son ressentiment, de sa haine ? Elle les abandonne. Elle choisit le pardon.
Le film se situe à notre époque. Mais voilà : le réalisateur a préféré la charrette à cheval à la voiture automobile. Plus symboliquement marquée. Plus efficace pour rendre compte de la fuite, de l’errance, de la quête de cette femme. Et de sa fragilité aussi, et du caractère tragique de sa situation.

La charrette, en même temps qu’elle sert le propos du réalisateur, expose le personnage. Elle le hausse, elle le présente. Elle le donne mieux à voir et à entendre, à saisir, à comprendre. Elle le met en scène. Et ça a d’ailleurs été, par le passé, un des usages de la charrette : la scène. Une scène de fortune.

Le théâtre, creuset de la civilisation, selon le père Hugo – « C’est au théâtre que se forme l’âme publique ! », clamait-il –, le théâtre est né sur une charrette, celle du poète grec Thespis, VIe avant J.-C. D’où l’expression conduire ou monter sur la charrette de Thespis pour dire qu’on embrasse la carrière théâtrale, qu’on mène la vie qui va avec, une vie errante, incertaine, faite de hauts et de bas… Une vie d’artiste, quoi ! Où la joie se mêle à la misère. Une vie de paria. Comme celle du grand et pauvre Molière.
On retrouve aujourd’hui cette évocation du théâtre dans une bande dessinée de Bonifay et Rossi, une histoire située cette fois dans l’Amérique du XIXe, l’Amérique de la guerre de Sécession. Et le titre de la série, c’est : « Le chariot de Thespis ». La charrette, ici, a été masculinisée. Comme on a dit longtemps conduire la charrette de l’état ? Puis c’est devenu le char.
Et je ne vous ai encore rien dit du bleu-charrette, avec tout ça. Ni du charrette qui peut être une insulte en français de Suisse. Une altération, une euphémisation de charogne…

Par Zapf DINGBATS

Illustration : Palix
Paru dans L’avenir de Luxembourg | Actu24

5 déc 2009 | Matière à dispute |

Elle avait un joli nom, mon guide : Nathalie | Paru dans L’avenir de Luxembourg | Actu24

Nathalie | illustration | Palix



Voilà encore un prénom, une chanson, un prénom et une chanson qui ont compté dans notre histoire, qui ont agi sur l’air du temps… Beaucoup de Nathalie d’aujourd’hui viennent de là, du succès de la chanson de Bécaud au milieu des années 60 [...]

Par Zapf DINGBATS

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Illustration : Palix
Paru dans L’avenir de Luxembourg | Actu24

4 déc 2009 | Matière à dispute |

Lucy est morte ! | Paru dans L’avenir de Luxembourg | Actu24 | Palix

Lucy | John Lennon | illustration | Palix



La Lucy de la chanson « Lucy in the sky with diamonds ».
Voilà un prénom qui aura beaucoup compté – un prénom et une chanson, une chanson qui chante ce prénom. Et, à l’origine de la chanson, il y a quelqu’un. Quelqu’une. Une petite fille qui se prénomme Lucy.

Et une chanson, elle réagit aussi à l’air du temps. Elle est portée par lui. Elle le reflète, elle le décrit. Celle-là en particulier : « Nathalie ». En 1964, on est en pleine guerre froide. Enfin, non !… le pire est passé. Ça a commencé à Cuba, avec Castro qui rafle définitivement la mise à Batista en 59. Cuba devient rouge, ce qui fait bisquer les Etats-Unis. Le ton monte ; et c’est l’escalade, la crise des missiles, les menaces, le jeu dangereux du « retenez-moi ou je fais un malheur »…

Là, le monde, tout le monde a eu chaud. On l’a échappé belle. Alors, après cet épisode pour le moins fâcheux, inquiétant, terrifiant même, on chercha à calmer l’ambiance, le climat. On installa d’abord une ligne de communication directe entre les deux Grands (le fameux téléphone rouge). Pour qu’ils puissent se parler, s’expliquer – directement – en cas de litige, de dispute ! Songez un peu qu’au pire moment de la crise, ils pouvaient se canarder l’un et l’autre à coups de missiles à tête nucléaire mais leurs échanges verbaux, eux, avaient lieu par la poste, au moyen de la bonne vieille lettre de papier.

On fit aussi des chansons… Comme cette « Nathalie », qui parie sur la jeunesse, l’intelligence. « Nathalie », c’est le programme Erasmus avant l’heure. Plus large que Schengen. Allant jusqu’à l’Oural ! Des étudiants se rencontrent, se parlent, apprennent à se connaître… Dans tous les sens du terme ! Nathalie, elle est guide à Moscou. Et elle a tapé dans l’œil de l’étudiant parigot qui dit je dans la chanson. Chanson où défilent tous les grands moments de la Russie soviétique , tous les tableaux les plus classiques : la Révolution d’Octobre, la Place Rouge, le tombeau de Lénine, les plaines d’Ukraine et… et, à Moscou, au coin de la Place Rouge, le café Pouchkine, grand spécialiste en chocolat.

Or c’était une invention de Delanoë, le parolier de la chanson, ce café Pouchkine – pure fantaisie ! Mais voilà : la chanson eut un tel succès, marqua tant les cœurs et les esprits, qu’après ça les touristes, en visite à Moscou, voulurent s’y rendre, à ce café. La ville de Moscou fit donc ce qui s’imposait : un café nommé Pouchkine. Ayant pour spécialité le chocolat.
On voit par là qu’il n’y a pas que le marxisme (léninisme) qui peut transformer le monde ; il y a aussi la chanson ! Moscou, sa Place Rouge, elle a un peu pris la figure que lui a donnée « Nathalie ».

Au fait, vous savez pourquoi elle s’appelle Nathalie, l’héroïne de la chanson ? C’est une évocation, une réplique même, de l’histoire vraie de l’écrivain Céline : dans le récit de son voyage en URSS en 36, la guide dont il a le béguin s’appelle Nathalie.

Par Zapf DINGBATS

Illustration : Palix
Paru dans L’avenir de Luxembourg | Actu24

4 déc 2009 | Matière à dispute |

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