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Une frite, un crème, et fissa ! | Paru dans L’avenir de Luxembourg | Actu24

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L’obsession de la vitesse est partout, même dans nos paroles évidemment, nos manières de dire. On fonce en laissant en plan un mot par-ci, un autre par-là… À notre auditeur de se débrouiller, de les remettre ! On emprunte tous les raccourcis possibles et imaginables… Au début, au milieu, à la fin des enchaînements qui font une unité de sens, des groupes de mots.
Tenez ! prenez la frite, par exemple. Et vous faites bien parce que c’est un bon exemple, vous allez voir… On dit maintenant « Une frite ! » pour commander une portion de frites, ou un plat de frites. On voit déjà que la frite, nom féminin singulier, est devenue un collectif, un terme représentant un ensemble. Comme le peuple, ou la foule. Mais frite, c’est d’abord le féminin de frit, qui est le participe passé adjectivé du verbe frire. Lequel signifie : cuire par immersion dans un corps gras bouillant, notamment dans l’huile.
Et de quelle sorte d’aliment parle-t-on quand on parle de frites – ou de frite ? De pommes de terre. Qui ont été épluchées, coupées en bâtonnets et, donc, cuites dans l’huile. Frites, quoi !

On voit par là que, du groupe nominal pommes de terre frites, il n’est resté que le mot de la fin, un verbe au participe passé, adjectivé, substantivé, et qui a préféré la singularité à la pluralité.

Ainsi le déterminant a remplacé le déterminé, la frite a absorbé la pomme de terre. Comme la Belgique, ma foi. Si ! Le mot belgique, lui aussi, a longtemps été un adjectif. Au temps de l’Empire romain, le pays où nous sommes, le pays que nous sommes, c’était la Gaule belgique. Au XVIIe siècle, on trouve chez Boileau un lion belgique. En regard d’un aigle germanique. La Belgique n’est devenue un nom propre désignant le pays géographique – l’ensemble des provinces belgiques – qu’à la fin du XVIIIe siècle.

Autre cas où le déterminant a absorbé le déterminé : la ville première d’un pays, la ville où siège le gouvernement, c’était la ville capitale. Puis la capitale tout court. Mais l’adjectif capital a gardé son emploi par ailleurs. Ce n’est pas le cas de cathédrale. La cathédrale aujourd’hui, ce n’est plus que l’église cathédrale, celle de l’évêque, celle où il a son trône… Mais cathédral a longtemps été un adjectif signifiant : principal, magistral, doctoral, pédantesque. Dans un conte en vers intitulé « Le tableau », La Fontaine, pour désigner un jeune homme fort entreprenant auprès des femmes, audacieux et même outrecuidant, parle d’un galant cathédral.
Et le crème alors, commandé en même temps que la frite ? C’est le café avec du lait, bien sûr ! Ou de la crème ! Mais ce qui est curieux dans ce cas-là, c’est que le déterminant crème, a bien, comme par ailleurs, absorbé le déterminé, le café en l’occurrence, mais le déterminé ici a imposé son genre au déterminant : crème est devenu masculin. Autre beau cas : le complet désignant le costume complet, pantalon et veston. Comme on a fini par l’oublier, on a recomposé le mot complet, mais autrement : le complet-veston.

Par Zapf DINGBATS

Illustration : Palix
Paru dans L’avenir de Luxembourg | Actu24

5 déc 2009 | Matière à dispute |

Palix, des procès d’assise à la bande dessinée | Référence Immobilière | Oct 2009

On ne présente plus Palix. Ou du moins, on ne devrait plus avoir à le faire. Tant le (sur)nom de l’illustrateur a déjà retenti dans nos contrées. La réputation de l’artiste, toutefois, a largement dépassé les frontières de la verte province. Petit à petit, au fil des dessins de presse et des grands procès d’assise qu’il a illustrés, la signature de Palix est apparue dans la plupart des principaux médias nationaux, qu’ils soient francophones ou néerlandophones, écrits ou audiovisuels. Aujourd’hui, si Palix collabore toujours avec les médias, c’est la bande dessinée qui lui tend les bras. Un projet est en préparation et Palix lève un coin du voile.

Palix, depuis combien de temps dessines-tu ?
Cela doit faire dix ans que je suis pro. J’ai quitté Saint-Luc il y a onze ans.

Qu’est-ce qui t’a poussé à vouloir vivre du dessin ?
C’est toujours difficile de donner les raisons pour lesquelles on dessine. J’imagine qu’à une époque c’était un truc que je savais faire, qui permettait de se faire remarquer positivement, surtout auprès des filles.

Tu as toujours dessiné ?
Oui. Cela fait partie de mon équilibre. C’est pour moi un moyen d’exprimer des choses que je n’arriverais pas à exprimer autrement. En quelque sorte, cela me permet de faire un travail de bouffon du roi, de faire passer des choses que l’on n’arriverait moins bien à faire passer par écrit, ou en les disant platement. C’est un mode d’expression que j’ai surdéveloppé. Je fais passer un certain nombre de messages par le dessin.

Mais entre le fait d’aimer dessiner et d’en faire son métier, il doit y avoir un certain nombre de difficultés à surpasser…
Ce qui m’inquiétait le plus, avant de m’orienter vers Saint-Luc, c’était surtout de savoir si j’étais capable de faire des études de dessins. Je n’avais pas spécialement suivi de cours, je n’avais pas la technique. Mais au final, avec du recul, ce fut assez facile. J’ai, en tout cas, des souvenirs de cours de math ou de chimie, en humanité, qui sont beaucoup plus durs. Après mes études de dessin, s’est posé un autre problème… Je me suis demandé si, en sortant du cadre académique, avec ses échéances, la pression, j’allais être capable de continuer à travailler et à progresser. Je me suis alors imposé des contraintes, des objectifs artistiques à atteindre. Puis j’ai essayé de me faire connaître. J’ai accepté tout ce qu’on me proposait.

Te faire un nom, cela a-t-il pris du temps ?
Il faut encore faire la différence entre se faire connaître et avoir une reconnaissance. Au début, j’ai fait des expos. Puis les médias s’y sont intéressés. Cela m’a permis d’élargir mon public. Il y a un effet boule de neige. On fait des rencontres, on trouve de nouvealles opportunités. Par exemple, j’ai croisé les brasseurs de Rulles et de la Sainte-Hélène. J’ai réalisé leurs étiquettes.

Pour ceux qui ne le savent pas, tu as d’abord été connu pour ton univers fantaisiste… avec de nombreux dessins de trolls…
Trop vite et trop facilement sans doute. C’était la première époque de ma carrière. Au départ, cet univers, c’était plus un thème d’expo, un délire. Je voulais expérimenter quelque chose, sortir du cadre académique qu’a été celui de mes études. J’accentuais les formes et je suis arrivé à cet univers fantaisiste. C’était juste un exercice de style. Ce qu’il y a… c’est qu’on en a vite fait le tour. Je me suis vite rendu compte que je ne pourrais pas faire ça toute ma vie. C’est à ce moment que j’ai rencontré Pierre Kroll (dessinateur de presse – Le Soir, RTBF, Télémoustique…, ndlr). Ce qui m’a permis de travailler pour RTL-TVi, sur le procès Cools.

Comment s’est passé cette rencontre, et comment vous avez été amené à travailler sur des procès ?
J’avais besoin de changer d’univers. J’ai rencontré Pierre Kroll lors d’un enregistrement du jeu des dictionnaires. J’avais, à l’époque, travaillé pour un autre dessinateur, Francis Carin, sur les couleurs d’une de ses bandes dessinées. Celui-ci avait commencé avec Pierre Kroll. A la fin de l’enregistrement, je me suis approché de Kroll et lui ai dis qu’il avait le bonjour de Francis Carin. Il m’a invité à boire un verre en coulisse et… ça a duré trois bouteilles de vin. A la fin, on a échangé nos cartes de visites. D’habitude, ce genre d’échange ne débouche jamais sur rien. Mais pas avec Pierre Kroll. RTL-TVi, cherchait quelqu’un pour illustrer les procès et Pierre Kroll a dit à sa femme, Dominique Demoulin qui travaille à RTL, que s’il y avait bien quelqu’un pour faire ça c’était moi.

Coup de pouce sympathique.
Oui. Est alors arrivé ce nouveau challenge : travailler pour la téloche. C’était très excitant. D’autant plus que je n’étais pas un spécialiste des portraits et pourtant, sans doute grâce au crédit de Kroll, on me laissait carte blanche.

Un exercice dans lequel tu as pris rapidement tes marques….
Il a fallu s’adapter. C’est autre chose. Tu quittes ton cadre tranquille, ta table de dessin pour retrouver dans une salle d’audience, dans des conditions difficiles avec tout le stress qui va avec. Au procès Cools, pendant trois mois, j’ai dessiné debout sur un appui de fenêtre. Il faut tous les jours négocier avec les flics pour s’approcher, pour pouvoir travailler. A l’issue de ce procès, Dominique Demoulin m’a demandé si le procès Dutroux m’intéressait. Forcément oui. Rien que le fait que ce soit nettement plus proche de chez moi constituait déjà un sacré avantage.

Faire des portraits au cœur d’un procès, c’est tout de même autre chose que de dessiner des trolls…
On ne peut pas vraiment parler de portraits. Mais plus de dessins d’audience, de croquis d’attitude. Le matin, tu n’as pas vraiment de consigne. Tu t’attaches à représenter ce qui se passe durant la journée. Il faut dessiner avec ses oreilles, écouter ce qui se dit, ce qui se passe. Sentir ce que le média pour lequel on travaille attend va demander en fin de journée. J’ai eu la chance de piger ce truc là spontanément. Maintenant, avec le nombre de procès que j’ai derrière moi – j’ai dû en faire une dizaine au cours de l’année 2008 -, je sais anticiper certaines choses. Lors du procès Lhermitte, j’ai attendu pendant une demi-heure que Geneviève Lhermitte pète les plombs. J’avais arrêté de dessiner les autres grands acteurs du procès. Je savais qu’elle allait exploser. Et le lendemain, tous les médias, ou presque, ont repris mon dessin.

Tu n’as pas peur d’être enfermé dans le genre, cela te plaît ?
Oui, ça me plaît. Et non, je n’ai pas peur d’être enfermé dans le genre. Au contraire, cela m’a donné beaucoup de crédibilité. Tu as le côté « vu à la télé » qui joue. J’avais 25 ans et j’ai vraiment pu constater une différence de traitement entre le « avant » et le « après » mes premiers procès. Jusqu’au point où des chercheurs français se sont intéressés à mon travail à travers une étude sur le rôle des médias dans les procès d’assises. Cela débouchera finalement sur une expo au Centre Pompidou à Paris.

Et en dehors des procès, comment occupes-tu ta vie professionnelle ?
J’ai, par exemple, travaillé sur un bouquin qui traite du domaine provincial de Mirwart et qui vient de sortir. Un bouquin historique dans lequel j’illustre ce que les documents n’ont pas pu illustrer. Je continue par ailleurs à illustrer, chaque lundi, dans l’avenir du Luxembourg, la chronique de Zapf Dingbats. Et, cela risque de vous intéresser beaucoup plus, je commence à travailler sur un projet de B.D.

Peux-tu nous en dire plus ?
J’ai été approché par un magazine bruxellois sur la course à pied qui s’appelle Zatopek. Le rédacteur en chef est tombé amoureux de mes dessins et m’a proposé un projet qu’il avait dans ses cartons. Il s’agit de réaliser une bande dessinée qui sera pré-publiée à raison de six pages par magazine chaque trimestre pendant deux ans.

La bande dessinée, un rêve d’enfant qui se réalise ?
Oui. Quand t’es gosse, tu lis des BD. Tu aimes bien et tu te dis que plus tard, tu feras ça. Mais, d’un autre côté, le marché est tellement saturé que si on suit le canevas traditionnel pour essayer de percer, on a toutes les chances de se casser la gueule. Il faut donc trouver des chemins de traverse. Comme Stedo l’a fait avec les pompiers par exemple. Mais moi, j’ai moins d’affinité avec l’univers des pompiers. Par contre, j’adore la course à pied. A travers ce projet, je vais pouvoir allier deux passions. En plus, le magazine entre dans une démarche écologique et de développement durable qui n’est pas pour me déplaire.

De quoi va traiter cette BD ?
Elle va raconter la vie d’une série de personnages existant, ayant existé ou même mythiques. Cela va de Carl Lewis à Milon de Crotone, athlète d’un mythe grec. Nous allons parler de la vie de ces personnages et montrer ce qui, dans leur existence, fait qu’ils sont devenus de grands champions. On part à la recherche du terreau des champions. Les six premières planches, à paraître en janvier, seront consacrées à Jesse Owens, le noir américain qui a remporté trois médailles d’or aux Jeux Olympiques de Berlin sous Hitler à une époque ou la population noire américaine souffrait de la ségrégation. Il y a des détails croustillants dans sa vie.

C’est une bande dessinée historique donc…
Historique et didactique. Cela devrait plaire à toutes les générations. C’est artistiquement intéressant tout en étant accessible à un grand public. C’est le défi en tout cas. Mais, au niveau du magazine, ils y croient. J’espère, pour moi, que ce sera fructueux.

Référence Immobilière | Octobre 2009
Interview de Sébastien Lambotte

30 nov 2009 | Reportages et interviews |

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