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Du charme qui n’est pas de bois

Du charme qui n'est pas du bois | illustrations | Palix


Et il y a aussi le charme – ou plutôt les charmes – qui ne laissent pas de bois. Les parties du corps féminin qui attirent, qui engagent, qui piquent le désir… Mais… Mais restons-en là, si vous le voulez bien : nous sommes ici dans un journal sérieux, honnête, séant ; pas un magazine olé olé, un magazine appelé justement – quand il ne dépasse pas trop les bornes – magazine de charme !
(Ces charmes-là, soit dit en passant, ne se sont longtemps appliquées qu’aux femmes. Et c’est Racine qui, le premier, a prêté des charmes à un homme ; le nommé Bajazet, héros de la pièce éponyme. )
Non, le charme dont je veux vous entretenir aujourd’hui, c’est le charme qui relève de l’art magique, c’est le charme qui est tantôt l’effet, tantôt la cause d’une transformation extraordinaire ; d’un changement de l’ordre naturel des choses.
C’est une force, bénéfique quand elle modifie, quand elle annihile, par exemple, le comportement dangereux de tel ou tel animal. On parle du charmeur de serpent… Et le verbe charmer se retrouve dans les expressions comportant des animaux. Des expressions oubliées parce que la vie, les mœurs ont changé. Charmer les puces, tenez ! Le temps des puces est passé. On le disait d’un individu qui s’était tellement enivré qu’il ne semblait plus démangé par elles, par leurs piqûres. (On a évidemment oublié à quel point les puces occupaient, perturbaient la vie de nos aïeux. Elles influençaient leurs gestes, leur comportement.) Il y avait aussi charmer la volaille. Ça, c’était le truc des romanichels, des camps-volants, des… des voleurs de poule, ma foi ! Ils avaient le don de s’en saisir sans les effaroucher, les faire piailler.
Le charme, c’était donc ce pouvoir possédé par d’aucuns, et qui pouvait modifier les penchants naturels de tel ou tel animal. Ou même d’un humain ! Ou d’une humaine. Puis, par analogie, il a fini par désigner les attraits, les appas des femmes. Ou des hommes !
Et c’est ce charme synonyme de force, de puissance, qu’on retrouve dans l’expression se porter comme un charme. Mais l’arbre du même nom a aussi belle allure quand il est en haute futaie. Si bien qu’on en est venu à penser à lui quand on dit l’expression.
Et quelle forme alors prend le charme quand c’est un pouvoir magique ? Ah ça, ça dépend… C’est tantôt un objet, tantôt un geste ou une parole. Ou les deux. Ou les trois à la fois ! Et quand c’est une parole, c’est une parole un peu particulière évidemment. Une parole incantatoire, où les mots résonnent, se retournent, sont sans queue ni tête… Comme abracadabra ! Une parole où les mots se renvoient les uns aux autres, riment ! Ou se retrouvent les uns dans les autres. Et, du coup, on prête aux mots anagrammiques, aux mots formés par des lettres pouvant former d’autres mots, des vertus magiques.
Et Marche, Marche qui est ville des mots, est un mot anagrammique. Et de quel mot Marche est l’anagramme ? Du mot charme.
Extraordinaire, non ?

Par Zapf DINGBATS

Illustration : Palix
Paru dans L’avenir de Luxembourg | Actu24

24 mar 2010 | Matière à dispute |

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