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Tristesse

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C’était la grande, la belle affaire des romantiques, la tristesse ; leur disposition de prédilection, l’état qu’ils préféraient.

Alfred de Musset en fit sa spécialité, son fonds de commerce, pas très rentable, mais peu importe !… Il laisse une œuvre qui nous remue encore. Une œuvre où il a mis beaucoup de lui. Souvenez-vous, dans « On ne badine pas avec l’amour », de la belle leçon que Perdican donne à Camille au moment de leurs adieux (je ne vous redis que la fin parce que ça prendrait trop de place…) : « J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelques fois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui. »

Voilà ! si je vous parle de la tristesse aujourd’hui, en appelant Musset à la rescousse, c’est parce qu’il me semble que c’est le mot, c’est la chose qui, pour l’heure, caractérisent le mieux la Belgique. La Belgique est triste. Triste d’elle-même. Pauvre Belgique !
Et alors à cause de cette tristesse ambiante, je me suis souvenu d’une très belle expression qui veut dire qu’on est triste, une expression un peu oubliée aujourd’hui et qui vient de la politique, de l’histoire, l’histoire de France… Quand quelqu’un, donc, avait du vague à l’âme, ou broyait du noir, était triste quoi ! on disait aussi de lui : il pense à la mort de Louis XVI.
Que vient faire Louis XVI ici ? Pourquoi Louis XVI et sa mort sont-ils devenus, dans une expression, synonymes de tristesse ?
Parce que la France a trouvé, après coup, que sa fameuse Révolution de 1789 avait été un peu brutale quand même, par moment. Il y avait eu des débordements, quelques excès. Des exécutions pour le moins sommaires… Il avait fallu que ça saignât ! Et ça avait saigné. Beaucoup. Et Louis XVI fit donc les frais de cette lourde opération. Après un procès plutôt mauvais et sans trop de forme.
S’ensuivit un sentiment de honte, une espèce de remords collectif. Diffus. Et c’est de là qu’est née l’expression : penser à la mort de Louis XVI.

Lui, Louis XVI fut très digne face à la mort. Et l’histoire retient qu’au moment de monter sur l’échafaud, il s’enquit de La Pérouse, parti pour une expédition de découverte autour du monde depuis des années.  Passionné de géographie, Louis XVI avait voulu cette expédition. Et il aimait ce La Pérouse. Aussi, avant de mourir, au moment de monter sur l’échafaud, Louis XVI ne pensait pas à Louis XVI, ne pensait pas à sa propre mort, il pensait à La Pérouse. « A-t-on des nouvelles de Monsieur de La Pérouse ? », demanda-t-il.
Mais il faut déjà conclure, et… avoir rappelé le sort que la France en crise fit à son roi juste quand la Belgique est, elle-même, dans une passe difficile, ce n’était peut-être pas une bonne idée. Enfin voilà, c’est dit. Et voilà ce que je vais dire pour me tirer d’affaire : la France, sa solution hâtive, radicale, elle l’a regrettée. Ça se voit, ça s’est marqué jusque dans sa langue…
Alors pas de précipitation. Réfléchissons. Réfléchissons bien !

Par Zapf DINGBATS

Illustration : Palix
Paru dans L’avenir de Luxembourg | Actu24

30 avr 2010 | Matière à dispute |

Milon de Crotone

Nous navons le plaisir de vous annoncer l’arrivée prochaine de l’histoire de Milon de Crotone dans les pages de Zatopek (mi-avril / Zatopek n° 14)

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24 mar 2010 | Projet Zatopek |

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